J’ouvre doucement les yeux. Rien. Je les ferme et je les ouvre à nouveau dans le désir de te voir. Une fois de plus. Et une autre encore. Et une autre encore. Rien. Alors je souris. J’ouvre les yeux. Dehors il fait noir je les ferme à nouveau et à nouveau et à nouveau.
Dix, neuf, huit…
Je veux seulement t’inventer. Une fois encore, une dernière fois. Je me souviens de la lumière qui en fin de journée pénétrait dans la maison transperçant les mailles des rideaux couleur de brique qui dansaient dans la brise chaude et caressante. Je souris et je pense à toi. Je t’invente ici, en des lieux que jamais tu n’as connus et où tu es toujours en ma compagnie. Je pense à toi. Je ferme les yeux et tu es ici et je suis près de toi. Ton temps et le mien sont unis de façon à ce que nous ayons plus de temps. Plus de temps.
Combien le temps a-t-il eu à nous donner ? Tu te souviens ?
Ton visage, ton parfum, ton aura, et ce qui émanait de toi dans chacun de ces petits détails que j’aimerais et que je garderais pour toujours. Et que j’ai tant aimé !
Te souviens-tu encore de moi ?
Dans un mouvement lent et spontané tu me regardes profondément avec tes yeux marron implorants comme si tu ne me reconnaissais plus, comme si tu ne m’avais jamais connu. Comme si tu ne savait pas qui je suis aujourd’hui et que tu voulais timidement me demander une direction quelconque pour te retrouver perdue. Tu détournes ton visage.
Où vas-tu ?
Je voulais te parler, je voulais te dire une chose qui te fasse rester. Je suis incapable. Je ne suis pas doué avec les mots. Regarde moi avec tes yeux fantaisistes, deux grandes perles cousues sur le visage de la plus belle poupée de chiffon. Tu me fais rêver fillette, femme.
Savais-tu que tu me fais rêver ?
Je te désire. Nous savons, au moins, qui nous sommes et où est notre place. Pour des gens comme nous il ne fût jamais difficile de retrouver le chemin de la maison. Ce monde est encore le notre.
Allez, fais moi encore ton tour de magie !
Le regard fixe sur mes vieilles mains tu redresses lentement ton visage jusqu’à ce que nos regards se croisent. Et tu souris. Et le monde commence précisément à cet instant. Je respire ton parfum, un parfum de vanille que ton corps brûlant dégage et laisse dans la maison, dans la chambre, devant l’océan. Tu me parles enfin de toi. J’aimerais te susurrer à l’oreille tout ce qui s’est passé pendant ton absence depuis tant d’années. J’allais à la dérive et tout a changé à l’exception de ce que je ressens quand je te vois.
Chrysalide !
Poses ta main dans la mienne, ton doigt sur mes lèvres, et laisses tes empreintes sur mon corps. Je voudrais t’arrêter à cet instant précis. Et je m’abandonne ici même dans tes cheveux et je m’achemine vers ton visage, ta bouche, où je m’égare, je me retrouve et je m’égare encore. Je sens ta chaleur sur mes lèvres et tes bras m’entourent déjà. Et les heures s’attardent ici jusqu’à ce que le temps s’arrête fasciné et envieux de nous deux.
Avons-nous déjà été si heureux ?
En témoignent les oreillers en désordre sur les draps blancs où on ne dort jamais. J’aimerais pouvoir dire que tu es mon univers, le fil d’Ariane que me retiens à la vie, mais je ne peux pas. Je ne suis et ni même jamais été doué avec les mots. J’ouvre les yeux. Tu me souris et tu t’évapores et deviens plus belle à la première lueur du jour. Je les referme.
C’est déjà fini ?
Je voudrais t’arrêter. Je me lève. Tu te lèves. Ton ombre m’enveloppe et le jour est déjà né. Là où tu étais planent encore dans l’air chaud de respiration des milliers de petites particules colorées. Dans le lit ta place est vide et je sens ton parfum sur mes mains et sur mes lèvres ton goût d’amandes que je goûté à l’aube.
(Texte: Gijon / Oviedo / Porto / Coimbra
19 à 30 juin 2003)
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Tuesday, March 14, 2006
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2 comments:
cherche tu toujours, ce parfum, ce visage,ce audourat? je suis sur et certaint que tu irat le trouver...tas simplement qu"a ouvrir tes yeux et regarder devant toi..
Je l'ai dejá trouvé! C'est toi, mon doux et merveilleux amour!
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